L'ETRANGER..1
"Des mots en vrac en balades.à l'endroit à l'envers... mes histoires en cavalcades ......"
(Susan Mink Collclough)
La Rue est déserte….et pourtant…
Alors qu’ils sortent de chez eux pour faire leur petit tour habituel il est là subitement , ils ne l’ont ni vu ni entendu venir… chaussé de baskets défraîchies un « jean » rapiécé sur les fesses , les manches de sa chemise à carreaux retroussées découvrent ses avant bras musclés. ; il a posé prés de lui son « barda » et sa guitare…
D’où vient il ? quel vent l’a poussé jusqu’ici ? jamais personne ne passe par ce quartier éloigné de tout . Il rit de leur surprise , ses yeux pétillent , il s’approche , se présente en enlevant le chapeau qui le coiffe d’une façon originale :
-« C’est un honneur de vous rencontrer madame , monsieur , je me disais…où sont passés les habitants , tout le monde est parti ?
Permettez que je me présente , on m’appelle Toussaint et je viens de là bas dit il en un geste large ouvrant l’horizon !
-« Entrez donc » dit Méleine en ouvrant la porte tout en grand.
-« Oui , oui entre sans façon , tu prendras bien un verre par » ce chaud temps » continue Silvère Pardoux son homme !
L’une devançant l’autre ils précèdent leur invité imprévu qui les suit sans façon comme ils le lui demandent !
-« Pose ton « barda » mon gars , mets toi à ton aise , fais comme chez toi ; tu viens d’loin sans doute et t’en as plein les pattes » dit Silvère en lui avançant une chaise paillée , tandis que Méleine s’empresse à remplir de cidre doux les verres dépareillés qu’elle vient de sortir du bahut lustré par les ans , par ses soins et ceux de celles d’avant .
Tous les trois sont assis à la table recouverte d’une toile cirée à petits carreaux rouge et blanc , sur laquelle un bouquet de rose trempe ses tiges dans un pot de confiture vidé de son contenu , évidemment ; les volets de bois où un cœur est découpé sont tirés sur la chaleur de l’été qui ronronne au creux des vergers .
On entend dehors une voix enfantine qui chante : « Y a une pie dans l’poirier… » Toussaint à mi voix chante aussi ; venant du jardin le chanteur en herbe fait irruption... « Dis Mamileine tu veux bien me donner une tartine de… » il s’interrompt en voyant le jeune homme , rougit un peu : - « B’jour m’sieur » ,
-« C’est Nadal notre petit fils » disent ensemble Méleine et Silvère .
-« Bonjour Nadal , appelle moi Toussaint , c’est toi qui chantait ?
« -Oui , mais j’ai oublié les paroles
« -Je te les apprendrais » dit ce dernier !
« - Super ! oh oui Toussaint ! »
Le contact s’établit entre Toussaint et l’enfant . Celui-ci sa tartine de confiture dans une main s’envole au dehors en criant :
-« J’suis content qu’t’es là Toussaint à tout à l’heure » , et reprend sa chanson à tue tête: « Y a une pie dans l’poirier
J’entends la pie qui chante
L’ reste j’ai oublié …
Toussaint mon copain
M’ a dit qu’il chante
Et qui m’apprendrait…. »
Les paroles fantaisistes les font sourirent ; Silvère reprend la conversation interrompue par l’arrivée deNadal :-
« Si ça te chante tu peux rester quelques jours avec nous ça te reposera » ,
-« Oui , oui c’est de bon cœur , je vais préparer le lit » conclut elle »!
-« C’est pas de refus merci » ; l’invite chaleureuse le touche profondément ; ce n’est pas souvent qu’il en bénéficie tout au long de son périple .
Silvère continue sur sa lancée :
-« Alors comme ça t’es Pèlerin ? Tu viens de Saint-Jacques ? » demande t’il en désignant la Coquille accrochée au grand chapeau que le jeune homme a posé sur le bahut bien ciré .
-« Oui , j’en viens ; à présent je vais à Assise en faisant un détour par Les Saintes , après je verrais . »
-« Mais Toussaint tu vas rentrer chez toi un jour ? t’en as des kilomètres dans les jambes ! »
-« Pour cela faut il avoir un chez soi pour y revenir. »
-« Ah ! zut excuses moi…t’en as pas ?
-« Non plus maintenant , personne ne m’attend. » sa voix tremble….
Le regard de Méleine s’attarde avec compassion sur leur invité en pensant
-« Pauvre petit qu’est ce qui t’es arrivé… » mais ne pose aucune question ! Elle s’active à faire le repas du soir , alors que Silvère fait faire le tour du propriétaire à Toussaint , passant du jardin au verger où Nadal joue au ballon , le jeune homme se joint à lui et s’ensuit une folle partie dont Silvère est l’arbitre .
Essoufflés , rieurs ils répondent à Méleine qui les appelle pour le dîner .
Le repas se déroule dans une complicité chaleureuse faite de jeux de mots , des histoires retraçant les voyages de Toussaint , ses rencontres , les nuits passées à la belle étoile , dans les monastères ou chez l’habitant comme ce soir ; pour finir le jeune homme prend sa guitare et continue la comptine « Y’a une pie » que le petit reprend avec entrain .
à suivre
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