L'ETRANGER..2
Des mots en vrac......
Puis à mi voix Toussaint chante une étrange mélopée soutenue en sourdine par la guitare…Alors toute la douceur du monde vient s’asseoir à la même table qu’eux !
La voix du jeune homme se fait murmure dominée par les notes cristallines de l’instrument pour à nouveau s’élever et s’envoler….
Ainsi ils voyagent sur les arpèges….Nadal s’est endormi , avec des gestes doux…des gestes de père , Toussaint l’emporte dans ses bras pour le coucher .
Dans la chambre visitée par un rayon de lune , il caresse les cheveux couleur de paille de l’enfant , du bout des doigts effleure les tempes fragiles où le sang palpite , l’embrasse légèrement sur le front , remonte les couvertures , s’attarde à le contempler , et sur la pointe des pieds gagne la porte qu’il referme après un dernier regard sur Nadal endormi. Ses yeux brillent de larmes retenues . Rien ne se voit de son émotion quand il rejoint Méleine et Silvère au jardin !
-« J’ai mis des serviettes et des gants dans la salle d’eau » l’informe celle-ci ; ils s’attardent encore un peu dans la nuit tiède , puis se séparent après un /« Bonne nuit dormez bien » -«Vous aussi , merci » ! Méleine et Silvère sont émerveillés par les voyages de leur invité , eux qui ne sont jamais allés si loin…Ils s’endorment en se donnant la main un sourire aux coins des lèvres !
La nuit tisse ses fils de soie , les grillons chantent ,les lucioles et les vers luisant allument leurs lanternes dans les arbres prés des nids , dans les parterres fleuris où les Belles de Nuit ouvrent leurs corolles….
Il fera beau demain…..la maison et ses habitants dorment !
Au chant du coq Silvère et Méleine se lèvent , ils se promettent l’un et l’autre de dorloter Toussaint ce grand gars au regard tendre .
Le parfum du café , celui du pain grillé se répandent dans la maison ouverte sur la glycine ; les raies du soleil dansent sur le carrelage ; ils ne font pas de bruit pour ne pas réveiller Nadal et Toussaint .
Après un long moment , Méleine frappe doucement à la porte de la chambre de celui-ci…une fois…deux fois , puis à la troisième se hasarde à entrer….elle appelle d’une voix chavirée :
-« Silvère viens , viens vite », il se précipite , la rejoint….
La chambre est vide…le lit n’est pas défait mais garde l’empreinte du corps de celui qui s’y est allongé . Le « sac-barda », la guitare ne sont plus là , la fenêtre est ouverte… les rideaux frémissent dans l’air frais du matin .
Dans la salle d’eau les serviettes et les gants attendent toujours d’être utilisés soigneusement posés là où Méleine les a mis la veille !
…Ils ne sont pas surpris , c’est comme s’ils l’avaient su dés l’instant qu’il eu franchi le seuil de la maison ; il est parti de la même façon qu’il est arrivé…sans bruit ! Dans la chambre flotte une odeur de vent et de soleil , un chant ténu , imperceptible leur parvient par bribes …
à suivre....